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C'est avec l'encre et l'aquarelle que Michelle Quélard s'est d'abord exprimée. Les effets de transparence inhérents à ces techniques l'amènent progressivement à s'intéresser à l'eau forte et surtout à l'aquatinte qui offrent tous les possibles en matière de textures et dégradés. La gravure en taille douce lui permet, en effet, d'obtenir des rendus nuancés.
La démarche de l'artiste varie selon ses projets : croquis ou photos personnelles déterminent une composition transposée sur la plaque de cuivre ou de zinc. Au fil des tirages, le même projet s'enrichit parfois d'"accidents" . Ces inattendus séduisent l'artiste qui les prend en compte dans l'évolution de la création, et la plaque définitive résulte souvent de multiples reprises successives. La maîtrise est parfaite, le rendu précis et minutieux.
Ses œuvres, entre figuration et abstraction, se nourrissent de sensations, d'impressions, de ressentis. Elles traduisent des non-dits, des échappées au large de l'âme. Dans ce monde de suggestions et d'évocations telles des rêveries poétiques, le temps est suspendu, retenu bien qu'animé, dépouillé sans pauvreté. Les teintes très réduites ne colorent que légèrement et subtilement certaines œuvres, Michelle Quélard joue délicatement avec la richesse de la gamme des gris à peine saupoudrés de bleu.
Le graphisme pur et délicat se prête à toutes les combinaisons : lignes droites ou sinueuses, pleins et déliés, pointillés, coulures, courbures et éclaboussures structurent l'œuvre. La vive clarté est rarement utilisée au profit d'une vibration entre ombre et lumière dans un jeu de nuances et dégradés. Les vides et pleins s'opposent, se complètent. Ils assurent la respiration nécessaire à une déambulation dans ces horizons, paysages ou rivages, bord de mer ou autres univers. Aux confins du mystère, tout reste en lisière, les limites sont ténues entre transparence et opacité, silence et bruit, jour et nuit, dans un raffinement, une retenue et une intemporalité qui évoque le Japon cher à l'artiste.
Les cadrages hors-champs, rappelant la photographie, font surtout écho aux images du monde flottant (yukio-e) qui privilégient "l'incomplétude" (terme utilisé par les occidentaux pour évoquer les compositions tronquées). Comme dans l'art nippon, des triptyques déclinent les mêmes thèmes dans une variation de formats ou de points de vue comme pour retenir le temps, éviter l'effacement.
Les gravures de Michelle Quélard transforment l'impermanence et la vulnérabilité du monde en poésie. Elles dévoilent parcimonieusement pour laisser libre cours à l'imaginaire, aux voyages, aux rêves.
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Michelle QUÉLARD
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44600 Saint-Nazaire
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